Je pense, je crois, je sens, je ressens
Je t’aide à démêler tout ça.
Dans un processus de transformation intérieure comme le breathwork, apprendre à nommer avec précision ce qu’on vit est une base essentielle. Et ça commence par quelque chose de simple, mais de profondément révélateur : observer comment tu parles de ce que tu vis.
Crois-moi, j’ai vu beaucoup de gens – moi inclus – être mêlés avec ça. Et parfois, même inconsciemment, utiliser certains mots comme une stratégie pour faire passer un message ou éviter d’être vraiment vulnérable.
Un bon exemple, c’est dans le milieu de la croissance personnelle, où on valorise énormément ce qui vient du cœur, du ressenti, de l’intuition. Résultat? Le « Je sens que… » est perçu comme plus profond, plus connecté, plus spirituel que le classique « Je pense que… ».
Et c’est là que ça devient glissant, voire même une forme de manipulation.
On entend souvent des phrases comme :
« Je sens que tu n’es pas authentique. »
« Je sens que je dois couper ce lien. »
Mais si on est honnête, ce n’est pas un vrai ressenti.
C’est une opinion ou un jugement, enrobé dans une forme qui a l’air plus douce ou plus “alignée”. En réalité, ce qu’on veut dire, c’est souvent :
« Je pense que tu n’es pas authentique. »
« Je crois que c’est mieux pour moi de m’éloigner. »
Ce qui est super challengeant et difficile quand on utilise le je pense au lieu du je sens, c’est que l’on doit justifier ce que l’on vient de dire. Tandis que le je sens peut être justifier par : je ne comprends pas pourquoi, mais c’est le feeling que j’ai! Comprends-tu la différence?
Bon, tout ça n’est pas mal en soi. Le problème, c’est le manque de clarté.
Quand tu confonds « je pense », « je crois », « je sens » et « je ressens », tu perds de vue où tu es réellement en toi. Tu mélanges des plans de conscience très différents, et ça peut te déconnecter autant de toi que des autres.
C’est pour ça que faire la différence entre ces quatre niveaux est un vrai game changer.
Tu affines ta conscience.
Tu clarifies ton langage.
Tu apprends à t’écouter pour vrai.
Et tu t’offres, petit à petit, une manière de t’exprimer avec plus de vérité, de présence et de responsabilité.
Bon, je t’explique comment reconnaitre chacun de ces niveaux, avec des exemples concrets pour t’aider à t’orienter dans ton propre langage intérieur.
Yahoo!
JE PENSE
— le langage du mental
Quand tu dis « je pense », c’est ta tête qui parle. C’est l’analyse, la logique, les déductions. Ton mental supérieur utilise ici ses connaissances, ses expériences passées, ses croyances apprises et ce qu’il a observer chez l’autre ou chez soi. C’est souvent un raisonnement rationnel qui cherche à comprendre ou à conclure. Par exemple :
« Je pense que ce n’est pas une bonne idée. »
« Je pense qu’on devrait attendre. »
Ce type de langage est utile pour planifier, organiser, structurer. Mais attention : rester coincé dans le « je pense », c’est aussi rester dans le contrôle. Le mental peut donner l’illusion de sécurité, mais il ne touche pas toujours à ce qui est vivant ou vrai dans l’instant.
Prends bien conscience qu’il est aussi un superpouvoir! J’adore le mental, c’est nécessaire à notre survie et bon fonctionnement quotidien! Je ne suis pas dans l’équipe des gens qui le démonise, mais plutôt dans l’équipe des gens qui le veulent comme conseiller autour de notre table ronde intérieur travaillant en harmonie avec le cœur, l’intuition et le corps! Car, c’est toujours le mental qui assemble les informations et les communique verbalement. C’est le dernier filtre qui transforme nos resssenti, nos intuitions en mots concret.
À moins que tu communique par une dance ou du language énergétique/sans mots, tu utilise toujours le mental! C’est important d’en prendre conscience. C’est grâce à ton mental que tu lis ce blogue et que ENSUITE tu ressens quelque chose à lire ces mots.
JE CROIS
— le langage des croyances
« Je crois » va un peu plus loin. Ici, on entre dans le territoire des croyances, conscientes ou inconscientes. C’est plus profond que le mental, mais encore teinté de filtres, de conditionnements, de vérités non questionnées. C’est souvent une phrase qu’on a entendue mille fois, qu’on a intégrée comme une évidence sans vérifier si elle est vraiment à nous. Elles peuvent être autant des croyances limitantes que des croyances expansives.
Par exemple :
« Je crois que les gens ne changent pas. »
« Je crois que je ne suis pas assez bon. »
« Je crois qu’il faut souffrir pour réussir. »
Ces phrases révèlent les programmations qui nous habitent. Elles parlent de notre passé, de notre environnement, de nos blessures. En prendre conscience, c’est ouvrir la porte à la transformation. Car tant qu’une croyance reste inconsciente, elle dirige ta vie sans que tu le saches.
La plupart des croyances justifie tout ce que l’on dit avec notre mental. C’est un peu la programmation profonde de nos paroles qui ensuite se traduisent en action et ensuite en habitudes. C’est pourquoi faire du travail sur les croyances est super puissant et transformateurs, car cela affecte tout le reste.
JE SENS
— le langage de l’intuition et du corps
Quand tu dis « je sens », tu descends d’un cran. Tu laisses la tête pour écouter ton corps, ton intuition, ta perception subtile. Ce n’est plus une pensée, ni une croyance figée, mais un ressenti plus diffus, souvent difficile à expliquer. C’est comme une petite voix intérieure, une vibration, une tension, une chaleur, un frisson.
Quand on dit « Je sens », on parle d’un ressenti corporel direct ou d’une perception intuitive. Ce n’est ni une pensée ni une émotion nommée, mais plutôt une sensation interne subtile : une tension, un frisson, une chaleur, un élan ou une contraction. C’est le corps qui parle, souvent avant même que le mental comprenne.
Scientifiquement, cela se relie à l’interoception, c’est-à-dire la capacité de percevoir ce qui se passe à l’intérieur de nous (comme notre rythme cardiaque ou nos tensions musculaires).
Sur le plan plus intuitif, « je sens » peut aussi exprimer un gut feeling, une impression viscérale difficile à expliquer mais bien réelle. Pour rester authentique, un vrai « je sens » décrit ce que tu vis à l’intérieur de toi — et non une interprétation de l’extérieur. Par exemple, « je sens une boule dans la gorge » est un ressenti, tandis que « je sens que tu me rejettes » est une pensée déguisée. Ohhhh! Cette dernière phrase là habituellement peut choquer. Car j’ai entendu des tonnes et des tonnes de personnes dire des phrases similaire à : « Je sens que tu me rejettes » .
Voici d’autre bons exemples :
« Je sens une tension dans ma poitrine quand on parle de ce sujet. »
Tu exprimes une sensation physique actuelle, sans interprétation mentale.
« Je sens que mon énergie baisse, j’ai besoin de ralentir. »
Tu nommes une perception intérieure subtile liée à ton niveau d’énergie.
« Je sens un élan en moi quand tu me proposes ça, même si je ne sais pas encore pourquoi. »
Tu décris une intuition, un ressenti viscéral, sans chercher à le justifier.
Ce sont des messages de ton corps, de ton système nerveux, de ton intelligence intuitive. Ils sont précieux, car ils viennent souvent avant même que tu puisses les comprendre mentalement. En breathwork, c’est souvent le premier signal qu’un espace émotionnel est en train de s’ouvrir.
Ce sont toujours des perceptions corporelles subtiles, émotions ou signaux intérieurs
Ce que n’est pas un vrai “je sens” :
NON « Je sens que tu ne m’écoutes pas » → c’est une interprétation.
OUI → « Je sens de l’agitation dans mon corps quand tu ne me regardes pas. »
NON « Je sens que tu me juges. »
OUI → « Je sens une contraction dans mon ventre quand tu me parles sur ce ton. »
JE RESSENS
— le langage des émotions
Et enfin, il y a « je ressens ». Ici, tu es au cœur de ton expérience vivante. Ce n’est plus une pensée, ni une croyance, ni un ressenti subtil : c’est une émotion claire qui est là, maintenant, dans ton corps et ton cœur.
Dire « je ressens », c’est oser nommer ce que tu vis vraiment.
« Je ressens de la colère. »
« Je ressens de la tristesse. »
« Je ressens de la joie. »
C’est peut-être l’endroit le plus vulnérable, mais aussi le plus transformateur. Car en nommant une émotion, tu permets à ton système de la traverser, de la libérer, de l’intégrer. C’est ici que le travail de breathwork prend tout son sens : reconnecter avec cette vérité intérieure que tu portes en toi.
Comprendre le “Je ressens”
Dire « je ressens », c’est exprimer une émotion vécue dans l’instant, comme la peur, la tristesse, la joie ou la colère. C’est différent d’un jugement ou d’une sensation physique : ici, on parle du mouvement intérieur émotionnel.
Scientifiquement, une émotion est une réaction du système nerveux autonome à une situation perçue comme significative. Elle déclenche des réactions physiologiques et comportementales, et elle est directement liée à nos besoins (satisfaits ou non).
Spirituellement, une émotion est une énergie en mouvement (e-motion) qui cherche à circuler et à être reconnue. L’accueillir, c’est se connecter à sa vérité du moment sans filtre.
Pour que ce soit un vrai “je ressens”, on doit pouvoir nommer une émotion claire et universelle, et non une interprétation déguisée.
3 exemples clairs de “Je ressens”
« Je ressens de la tristesse quand je pense à ce que j’ai perdu. »
Tu nommes une émotion authentique, vécue dans le présent.
« Je ressens de la joie d’être ici avec toi. »
Tu exprimes une émotion positive, ressentie dans l’instant, sans analyse.
« Je ressens de la peur à l’idée d’être jugé si je m’exprime. »
Tu mets des mots sur une émotion réelle liée à une situation actuelle.
Pourquoi c’est important de faire la différence?
Apprendre à distinguer je pense, je crois, je sens et je ressens, c’est comme affiner son GPS intérieur.
Chaque expression correspond à un niveau de conscience différent, et chacune a sa place. L’objectif n’est pas de rejeter l’un au profit de l’autre, mais de savoir ce que tu es en train d’utiliser… et pourquoi.
Le « je pense » te permet d’analyser, structurer, comprendre. Il t’aide à prendre du recul, à mettre de l’ordre dans ton vécu. C’est une boussole mentale essentielle, surtout quand tu veux formuler un message clair ou prendre des décisions réfléchies.
Le « je crois » révèle tes croyances, conscientes ou inconscientes. En l’observant, tu peux identifier tes conditionnements, tes angles morts, tes vérités non questionnées. C’est un excellent point de départ pour un travail de libération ou de déprogrammation intérieure.
Le « je sens », c’est le pont vers ton intuition et ton corps. Tu commences à descendre dans le ressenti subtil, à capter ce qui est vivant en toi, sans forcément l’expliquer. C’est ici que tu développes une écoute plus fine, somatique, spontanée.
Le « je ressens », lui, t’invite à nommer tes émotions vécues. C’est le langage du cœur. Il te connecte à ta vérité émotionnelle du moment, à tes besoins profonds, à ta vulnérabilité authentique.
Une précision importante : attention aux confusions
Bon, de retour à ce que je disais au début.
Dans certains milieux (notamment spirituels ou de croissance personnelle), il arrive qu’on utilise le “je sens que…” pour camoufler une pensée ou un jugement. Par exemple :
« Je sens que tu n’es pas prêt. »
« Je sens que tu n’es pas aligné. »
Ce ne sont pas des ressentis. Ce sont des interprétations déguisées, parfois même utilisées pour avoir raison sans avoir l’air de juger.
Faire la différence, c’est éviter les malentendus, les manipulations involontaires, et rester intègre dans sa communication. C’est aussi s’éviter beaucoup de confusion intérieure.
Donc, c’est quoi que tu dois retenir de tout ça?
Quand tu es capable de discerner ce que tu penses, ce que tu crois, ce que tu ressens physiquement et ce que tu vis émotionnellement, tu développes une forme de maturité intérieure et ta communication devient plus clair, transparent et puissante!
Tu te donnes la permission de te connaître plus en profondeur, de communiquer avec clarté et surtout de rester connecté à ce qui est vrai pour toi, ici et maintenant.
Fait l’exercice de t’écouter parler et soit vrai avec toi. Dis avec intégrité ce que tu penses.
Montre avec vulnérabilité ce que tu ressens.
Partage ce que tu sens avec comme objectif de clarifier l’expérience que tu vis présentement.
Nomme tes croyances par honnêteté et transparence quand tu partages ce que tu penses.
Rappel toi que c’est un chemin et que tu à le droit à l’erreur/apprentissage.
Personne n’est parfait, ni moi, ni toi, ni l’autre.
Love,
M
Merci à mon ami William de m’avoir inspiré ce blogue post il y a quelques années au Maroc.
Voici encore plus d’exemple !
JE PENSE
(Analyse logique, raisonnement, réflexion mentale)
Je pense que ce n’est pas le bon moment pour engager cette conversation.
Analyse basée sur le contexte, l’observation, le timing.
Je pense que je me suis amélioré dans ma façon de poser mes limites.
Réflexion sur soi, observation d’un changement ou d’un apprentissage.
JE CROIS
(Croyance personnelle, conditionnement, filtre inconscient)
Je crois que je dois être fort en tout temps pour être respecté.
Croyance limitante issue de l’enfance ou du modèle social.
Je crois qu’il faut mériter l’amour.
Conception intériorisée, souvent inconsciente, qui influence les comportements.
JE SENS
(Ressenti corporel ou intuition subtile, perception non verbale)
Je sens une tension monter dans mon ventre quand tu dis ça.
Perception physique immédiate et authentique.
Je sens qu’il y a quelque chose qui cloche, même si je ne peux pas encore mettre de mots dessus.
Ressenti intuitif, gut feeling.
JE RESSENS
(Émotion vécue, mouvement intérieur clair et assumé)
Je ressens de la tristesse parce que j’ai l’impression de ne pas être entendu.
Émotion nommée, en lien avec un besoin non nourri (écoute, reconnaissance).
Je ressens de la joie à l’idée de me retrouver seul ce weekend.
Émotion positive exprimée simplement, en lien avec un besoin nourri (repos, autonomie).